Page 51 - Une Famille Volante
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Sahara en famille : 9 passagers, 2 Dragon, 1 Leopard, 1935




        En début de l’année 1935, le 27 janvier, huit membres de la famille volante entreprennent un
        nouveau voyage. Les trois frères Germain Jacques, Marcel et Jean, et leurs épouses, ainsi que
        leur cousin Henry et son épouse. Cette fois-ci, ils vont utiliser trois de leurs avions :

        Le bimoteur De Havilland Dragon F-AMUZ piloté par Henry Germain, qui embarque comme
        passagers son épouse Chounette ainsi que son cousin Jean Germain fils, lequel avait été privé du
        grand Tour d’Afrique l’année précédente.
        Le bimoteur De Havilland  Dragon F-ANGE piloté par Jacques Germain, avec à son bord Lucie
        son épouse dite Mamoune et Simone la femme de Jean, ainsi que leur mécanicien Cassar.

        Enfin un De Havilland Leopard Moth F-AMXQ, appareil monomoteur piloté par Marcel le Hé-
        ros de Djanet accompagné de son épouse Taty. De retour d’un séjour à Tripoli, le 28 mai 1934,
        Marcel avait eu un accident avec cet avion qui était resté immobilisé jusqu’en septembre.
        Le trajet aller a prévu comme étapes Timimoun, Bidon V et Gao (Mali), jusqu’à Menaka ancienne

        capitale des Touaregs Ouelleminden, proche de la frontière du Niger.
        Bidon V a déjà reçu la visite de la famille, lors du périple du continent africain en janvier de l’année
        précédente. C’est depuis devenu un petit village établi pour la douzaine d’ingénieurs et d’ouvriers
        affairés à la construction du phare Vuillemin. Nos huit voyageurs sont reçus chaleureusement par
        le directeur du chantier, l’ingénieur Delaplace, qui sable le champagne en leur honneur.

        Le trajet retour fait escale à El-Goléa où les trois aéronefs font le plein.
        Ils se renseignent sur la météo avant la prochaine étape à Laghouat. Le bulletin prévoit une bonne
        visibilité sur 25 kilomètres avec un ciel peu nuageux. Confiants, ils décollent d’El-Goléa cap sur
        Laghouat distante d’environ 350 kilomètres à vol d’oiseau.

        Mais ne voilà-t-il pas qu’ils rencontrent une violente tempête de neige que n’avait pas prévue la
        météo. Moteurs givrés, le Dragon d’Henry Germain est contraint de se poser sur la piste méha-
        riste à 30 kilomètres de Laghouat. Les deux autres pilotes Jacques et Marcel poursuivent, leurs
        appareils volant au plus près de la piste pour ne pas se perdre.

        Mais bientôt c’est le Leopard de Marcel qui doit lui aussi se poser, moteur givré, à trois kilomètres
        seulement de Laghouat, juste avant le lieu dénommé le Rocher des Chiens. Hélas, l’avion vient
        à heurter un fossé et son train d’atterrissage est cisaillé. Pas d’autre dégât n’est à déplorer sur
        l’appareil.
        Quant à Jacques, son Dragon parvient dans la tempête à survoler le Rocher des Chiens, sans le
        voir, mais un des deux moteurs givre également, et il doit faire sur un seul moteur un atterrissage

        forcé à 800 mètres seulement du terrain de Laghouat.
        Pendant ce temps, Henry qui est parvenu à dépanner le second Dragon, redécolle, survole la ville
        de Laghouat sans la voir, mais doit à nouveau atterrir en plein bled, à sept kilomètres de la ville,
        ses deux moteurs à nouveaux givrés !

        Une grande inquiétude règne alors chez les divers membres de la famille, sans communication
        entre eux, craignant le pire pour les autres appareils et leurs passagers. Suivant la consigne : En
        panne dans le désert, ne quittez jamais votre appareil, il est plus visible que vous, Henry, sa femme
        et son cousin Jean décident sagement de passer la nuit à l’abri dans le Dragon. Ils sont retrouvés
        le lendemain matin par une colonne de spahis partis à leur recherche sous les ordres du colonel
        Berchi et du capitaine Lacoste.


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