Page 23 - Une Famille Volante
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Grand périple nord-africain - 1933

           Algérie-Mali-Niger-Tchad-Soudan-Égypte-Libye-Tunisie



        Deux mois après l’exploit de Djanet, les frères Jacques et Marcel Germain se lancent dans une
        nouvelle aventure qui va couvrir huit pays du nord de l’Afrique. Ils vont parcourir 17 000 kilo-

        mètres en 16 jours, accompagnés de leur mécanicien Picard, avec le célèbre Farman 190 F-ALAP.
        Le 19 janvier 1933 à 6 h 45, ils décollent d’Alger Maison-Blanche pour Laghouat. Mais très rapi-
        dement la météo se bouche, alors que Jacques est aux commandes piquant en direction du sud et
        prenant de l’altitude pour passer les premières montagnes de l’Atlas. Le Farman se trouve bientôt
        en pleine crasse et terriblement secoué. L’avion, lourdement chargé de ses 650 litres d’essence,

        perd de la vitesse et pique en vrille dans la vallée de Bir-Rabalou. Le pilote a la présence d’esprit
        de réduire les gaz et de redresser l’appareil pour reprendre une ligne de vol normale à 100 mètres
        du sol ! Voyant que la brume forme un épais barrage, les trois hommes décident de faire demi-tour
        en attendant une météo plus clémente pour passer l’Atlas. Ils se posent à Aïn-Oussera à 8 h 45
        pour en repartir à 13 h 35, le ciel s’étant dégagé vers le sud. Ce vol augure mal de leur audacieux
        projet. L’équipage parvient à 14 h 50 à Laghouat après cette première journée éprouvante.
        Le 20 janvier à 6 h 10, ils décollent de Laghouat au lever du jour pour se poser à El-Goléa (actuel
        El-Menia) à 8 h 45 où ils embarquent 200 litres de carburant. Ils parviennent à Reggan à 16 h 30

        où ils font à nouveau le plein des réservoirs avec 350 litres pour le long vol du lendemain.
        Le 21 janvier, départ à 6 h 25, pour atterrir à 14 h à Gao (Mali) après 7 heures 35 de vol conti-
        nu ! Ils rencontrent de la brume en arrivant vers Gao et une visibilité moins bonne. L’avion est
        secoué, cela semble dû aux heures chaudes de la journée. Ils notent dans leur livre de bord que
                                                                              ème
        la 6 ème  balise est abîmée et que le panneau d’orientation de la 47  balise est faux. Avant la nuit,
        nos trois aventuriers se détendent de cette très longue étape avec une ballade en pirogue sur le
        Niger. À chaque étape, ils se présenteront leurs civilités aux autorités locales, et parviendront à
        se faire gîter pour la nuit.
        Le 22, départ à 7 h 45 après avoir embarqué à nouveau 200 litres d’essence. Le Farman survole le
        Niger et parvient sans aucune difficulté à Niamey à 10 h 15, où ils trouvent le terrain splendide.

        Le 23, étape 100 % au Niger, Niamey-Zinder de 6 h 40 à 11 h 15, ils survolent une brousse déser-
        tique très épaisse. Il est très facile de suivre la route au départ de Niamey jusqu’à Dosso. Après
        cette ville, plusieurs pistes partent dans différentes directions et l’on a intérêt à voler à basse alti-
        tude pour reconnaître la route principale qui se distingue des pistes. Il faut se méfier à Tibiri de ne
        pas perdre la piste qui mène à Madarumfa.  Le reste du trajet est facile jusqu’à Zinder, toutefois
        le terrain se situe dans un bas-fond et il faut être très prudent si l’on atterrit aux heures chaudes,
        étant très secoués au sol.

        De Zinder, Marcel Germain tient à envoyer un télégramme au capitaine Duprez, commandant
        du bordj de Djanet pour lui adresser son souvenir affectueux et sa profonde reconnaissance pour
        l’accueil qu’il lui avait réservé lors de leur arrivée héroïque à Djanet en compagnie de Robert
        Volmerange, le 11 novembre précédent.
        Ils quittent Zinder le 24 à 6 h 30, en suivant la piste de Myrria, Kissanbana, Guidimouni,

        Maïné-Soroa, Boudoun… puis naviguent au cap 114°, survolent le lac Tchad et arrivent sur un
        bon terrain à Fort-Lamy (actuel N’Djamena) à 10 h 55, après avoir été émerveillés du paysage
        formé par l’enchevêtrement des cours d’eau Chari et Logone. L’accueil à Fort-Lamy est fort
        décevant en comparaison des réceptions chaleureuses lors de toutes les autres étapes du périple.

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