Page 35 - Une Famille Volante
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Ils ne repartent d’Assiut que le lendemain 24, direction Louxor. Leur atterrissage matinal per-
met à nos quatre voyageurs de visiter le temple de Karnak, la Vallée des Rois et le tombeau de
Toutnkhamon. (NDA : le journaliste a écrit Tout au Kammoun dans son interview).
Le 25 décembre, jour de Noël, le Dragon avale en 3 heures le parcours Assiut-Wadi Halfa, à la
frontière entre l’Égypte et le Soudan anglo-égyptien. Wadi-Halfa est un aéroport militaire et doua-
nier géré par la Royal Air Force. Le règlement local prévoit que les pilotes doivent avertir de leur
arrivée par télégramme indiquant l’heure de départ du dernier terrain visité. Jacques Germain a
bien envoyé ce télégramme depuis Assiut, cependant le service des douanes semble peu empressé
de faire les formalités en raison du Christmas Day. Nos quatre aventuriers sont donc contraints
de fêter Noël dans cette localité, en attendant le visa des douaniers le lendemain. (Notons les frais
d’atterrissage à Wadi-Halfa : 15 piastres pour un avion occupant 45 m², 35 piastres pour un avion
occupant 80 m² et 200 piastres pour ceux de plus de deux moteurs et occupant plus de 325 m²).
Ils en profitent pour aller visiter les temples de Ramsès II et de Nefertari à Abou Simbel.
Ils décollent le 26 pour une étape assez longue de près de six heures vers Khartoum. Ils doivent
un moment quitter le précieux repère de la vallée du Nil, et survoler des étendues désertiques,
avant de retrouver le grand fleuve à Khartoum, confluent du Nil Blanc venant du lac Victoria et
du Nil Bleu venant d’Éthiopie.
Après avoir visité la ville, ils repartent le lendemain 27 décembre, cap au sud. Le Dragon survole
une petite brousse à faible altitude pour admirer de nombreux troupeaux de gazelles, antilopes,
girafes et éléphants, avant de se poser à Malakal (actuel Soudan du Sud) au terme de cette étape
de près de quatre heures de vol.
L’équipage décide de s’accorder un peu de répit, et de passer quelques jours à Juba, actuel Soudan
du Sud) où ils parviennent le 28 décembre. Des parties de chasse sont organisées dans la brousse
sur les rives du Nil Blanc à Mongalla où ils se rendent en voiture, à 75 kilomètres de Juba.
er
1 janvier 1934. Après ces quatre jours de détente sportive, ils démarrent matinalement la nou-
velle année 1934, en décollant de Juba à 5 h 50, et passent du Soudan au Kenya en survolant une
grande partie du territoire ougandais. Cette longue journée de 6 h 40 de vol, n’est coupée que par
l’escale de Kisumu (Kenya) au bord du lac Victoria, pour ravitailler le Dragon.
L’approche de Nairobi est somptueuse, ils peuvent admirer le Kilimandjaro et ses neiges éternelles.
Notre trop court séjour dans cette région restera un des plus beaux souvenirs de notre voyage.
C’est le pays du printemps éternel et des sites enchanteurs, diront les voyageurs à leur retour.
Cependant, l’atterrissage à Nairobi est assez périlleux, le terrain étant encombré de troupeaux de
buffles, d’antilopes et autres zèbres qui occupent la piste ! Le Dragon doit louvoyer. Ce premier
jour de l’année, l’avion et ses passagers viennent de franchir l’équateur, la latitude de l’aéroport
étant de 1° 19’ sud. Quant à l’altitude : 1 676 m !
À Nairobi la température est constante de 15 à 22°. Leur arrivée à 13 h 10 leur laisse le temps
d’aller en voiture vers la vallée du Rift pour découvrir le lac Naivasha, surpeuplé de flamands
roses et autour duquel des troupeaux de zèbres se promènent sans être inquiétés.
Le lendemain 2 janvier, après le décollage de Nairobi, c’est un spectacle magnifique qui s’offre
aux quatre passagers : une fois passée la frontière séparant le Kenya et le Tanganyika (actuelle
Tanzanie), le Dragon passe entre le mont Meru (4.565 m) sur sa droite et le Kilimandjaro (5 895 m)
sur sa gauche. Grandiose ! (NDA : l’altitude de 6 010 m mentionnée par les encyclopédies de
l’époque pour le Kilimandjaro semble très optimiste, malgré la fonte des neiges !).
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