Page 37 - Une Famille Volante
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Puis l’objectif du jour est la traversée du Tanganyika jusqu’à M’Beya avec une escale à Dodoma,
région très chaude survolée à basse altitude pour observer la faune sauvage très riche. Ils filment
des troupeaux d’éléphants. Le décollage de Dodoma est très délicat, vu l’altitude et la charge
de l’avion, ils doivent s’y reprendre à plusieurs reprises, les deux moteurs du Dragon à pleine
puissance. Jacques et Marcel Germain ne veulent pas abandonner leur père pour gagner du poids.
En cas d’échec, c’était le plan B, avoueront-ils. Le père Germain les aurait alors retrouvés, en
gagnant Salisbury par le prochain avion de passage. En fait, il était d’accord pour ce sacrifice.
Après avoir été fortement secoués, ils se posent sur le terrain de M’Beya qui est à 1 666 mètres
d’altitude. Cette localité est très recherchée pour son climat idéal : Nous pouvons nous croire en
Suisse. Ils décident de faire une pause après les émotions de la journée. Cette ville s’est récemment
développée avec les chercheurs d’or et la création d’un centre minier. C’est un point de passage
vers la Rhodésie du Nord voisine (actuelle Zambie).
4 janvier : Ils ont bien fait d’avoir repris quelques forces dans ce climat agréable, pour affronter
le long parcours du jour M’Beya-Salisbury de 7 h 45 à 18 h 45, avec plus de neuf heures de vol
en trois étapes ! L’avion longe d’abord la rive est du lac Tanganyika avant de se poser à M’Pika
sur un terrain difficile au fond d’un cirque de montagnes. L’étape suivante est longue, quatre
heures jusqu’à Broken Hill en Rhodésie du Nord (actuel Kabwe en Zambie), puis encore trois
heures pour Salisbury en Rhodésie du sud (actuel Harare au Zimbabwe). Là, ils doivent réparer
un compte-tours défaillant.
Après une courte nuit à Salisbury, l’aventure continue avec un départ dès potron-minet à 4 h 55,
avec Johannesburg (Transvaal) comme objectif de la journée. Ils ont prévu de couper en trois étapes
de 2 h 30 chacune, avec escales à Bulawayo (Matabeleland, Rhodésie du sud, actuel Zimbabwe)
et Pietersburg. Sur ce parcours le Dragon rencontre de la pluie et de la brume et doit grimper par-
fois à 4 000 mètres. Ils décrivent ainsi Johannesburg : Ville splendide aux artères merveilleuses
et aux magasins d’un luxe inouï, avec l’impression que cette ville débordant de richesse, ne se
ressentait pas de la crise mondiale… Nous avons visité un superbe jardin zoologique. La ville se
compose de deux parties distinctes, d’un côté les magasins et les théâtres, de l’autre des villas
toutes plus somptueuses les unes que les autres.
Le lendemain 6 janvier, après la longue étape de la veille, ils s’accordent une matinée pour pour-
suivre la visite de la ville. Le vol du jour ne sera que de deux heures et demie jusqu’à Kimberley,
ville du diamant, où ils sont accueillis en fin de journée par une réception sympathique au club-
house anglais.
Il faut maintenant atteindre Le Cap (Capetown - Afrique du sud) qui sera le point virage au sud
de leur périple africain. Mais le Dragon doit se poser à Victoria West où ils constatent que leur
boussole est faussée de 15 degrés, ce qui peut être gênant pour la poursuite de leur navigation à
travers ce vaste continent ! Il faudra impérativement la remplacer à l’escale de Capetown.
Après le décollage de Victoria West, le Dragon survole une région montagneuse aux pics escar-
pés, où il est fortement ballotté par les vents, il doit monter à plus de 4 000 mètres pour trouver
un temps calme et poursuivre le voyage dans des conditions plus confortables pour les passagers.
Enfin à 12 h 50 ce 7 janvier 1934, ils atteignent Le Cap.
À l’atterrissage, ils sont reçus par le consul de France et M. de La Marlière dont le père est un
algérois. Après la réception, Jean Germain père adresse un télégramme pour le moins succinct
que La Dépêche Algérienne reprendra dans ses colonnes le lendemain : Capetown 7 janvier - Bien
arrivés Cap - Souvenirs - Germain.
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