Page 23 - C'est la Faute aux Oiseaux
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Le J-5 F-PAAV Jeanne d’Arc
J, pour Jamme, 5, parce qu’il y a trois appareils construits entre le HM-8 et le F-PAAV. F-PAAV,
parce que cet appareil passe avec un plein succès les épreuves nécessaires à l’obtention du CNRA
qui lui est délivré sous le n° 263662. CNRA veut dire : Certificat de navigation restreinte aéro-
nautique, valable uniquement pour le survol du territoire français.
Cet avion est un biplace en tandem, équipé d’un moteur anglais Pobjoy de 2, 832 litres de cylin-
drée, en étoile de sept cylindres, développant 75 ch et muni d’un réducteur.
Une laborieuse évolution a fait se modifier les empennages sur le n°2, puis la carlingue et l’aile
sur le n°3, puis globalement, tout a été chamboulé sur le n°4.
Cette évolution, agréablement émaillée de multiples pannes en campagne, s’accompagnant d’un
défilé de moteurs aussi variés que surprenants.
Du premier petit aéroplane HM-8 il doit bien rester un mètre-carré de contreplaqué quelque part
dans la carlingue à titre de souvenir et c’est probablement ce mètre-carré là qui permet de parler
d’une évolution à partir du HM-8 d’origine.
On est passé du monoplace étriqué à une sorte de vague possibilité de loger quelque part un pas-
sager, les vols en biplace demeurant cependant rares et hasardeux.
Mais, sur la planche à dessin, s’étale le super peaufinage de la formule : un superbe biplace en
tandem qui, lui, va enfin prétendre atteindre au sommet qu’est le CNRA.
Malheureusement, le moteur et son bâti figurent sous forme d’un point d’interrogation, non pas
tellement à cause de la perplexité sur le choix d’un type de moteur, mais surtout parce que mon
bon ami Eugène Jamme se demande comment diable il va pouvoir s’offrir cette source d’énergie
qui doit être, cette fois, sérieuse et indiscutable.
Fort heureusement, le Bon Dieu des constructeurs amateurs ne cesse de faire des miracles en
leur faveur, avec patience, il m’a conservé la vie, il va maintenant nous faire don d’un moteur !
En cette époque, les Anglais sont intelligents, il semble que l’intelligence des peuples soit cyclique,
comme la pluie et le beau temps… et quelques autres choses sur quoi on a peu de prise. Toujours
est-il qu’ils savent faire d’excellents petits avions et des petits moteurs non moins excellents.
L’une de ces petites machines, qui m’a souvent donné bien de la joie, est le monoplace Com-
per Swift équipé d’un moteur Pobjoy. Justement, un de mes amis de Sidi-Bel-Abbès vient d’en
acheter un qu’il a ramené de Grande-Bretagne et j’espère bien qu’il va m’inviter à l’essayer. Il
nous invite à une représentation en vol et je suis bien assuré d’avoir une bonne part de ce gâteau,
comme à l’accoutumé.
Nous sommes tous autour du petit avion dont l’heureux propriétaire nous vante les mérites :
vitesse de croisière élevée, rayon d’action important, maniabilité excellente, bonne visibilité,
faculté de décoller très court.
Pour bien illustrer ce dernier point de son propos, il nous montre un camion bâché malencontreu-
sement stationné sur le terrain à une centaine de mètre de nous et nous dit tranquillement qu’il
n’aurait aucune difficulté à décoller dans l’axe de ce camion et à passer par dessus ! Exclamations
générales, ricanements divers :
– C’est tout de même un avion et pas un ballon ! Passer trois mètres à moins de cent mètres, et
par vent nul, ça n’existe pas.
À suivre...
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