Page 13 - Une Famille Volante
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Les pistes dans les vignes




        Jean Germain, le Numéro 10 des 16 enfants de Pierre, gagné par l’enthousiasme de ses fils pour
        l’aviation, passe donc lui-même le brevet à l’âge de 60 ans ! Convaincu, il décide de créer des
        pistes au milieu de ses vignes de Caïd-es-Sebt, la Grande Ferme de Mouzaïa qui occupe déjà
        dans les années 1930 plus de 3 000 hectares, essentiellement plantés en vignes et en orangeraies.

        Construites au milieu des vignes sur piquets de fer, ces pistes se situent à l’angle de la RN 4 route
        reliant Mouzaïaville à Oued-el-Alleug (la rivière des sangsues) et de la voie ferrée d’Alger à Oran.
        D’importants chais se trouvent là, avec un embranchement spécial destiné à l’expédition par le
        rail des vins des domaines Germain vers le port d’Alger.  Ce terrain est à une altitude de 91 m. Il
        dispose de deux pistes en dur : l’une de 1 800 mètres, est-ouest, l’autre de 1 290 mètres, nord-sud.
        Cette dernière piste aboutit sur les premiers hangars de la ferme, dédiés à abriter les aéronefs de

        la famille, en parfaite harmonie avec les hangars suivants destinés aux tracteurs à Caterpillar.
        Avions et tracteurs sont alors sous la responsabilité du même chef mécanicien : Monsieur Bruat.
        Pierre Cot a ouvert une facilité à l’aviation privée. Le décret du 10 octobre 1933, autorise un
        propriétaire à ménager un terrain d’atterrissage sur sa propriété pour son usage personnel. Il suffit
        aux propriétaires de présenter une demande. Le Préfet peut alors autoriser ou refuser l’autorisa-
        tion dans un arrêt non motivé.

        En avril 1933, le député Charles Delesalle, rapporteur général du budget de l’Air, sera reçu sur
        l’aérodrome de la famille Germain qui organisera une grande fête en son honneur.
        Cet aérodrome sera utilisé par les Alliés, durant la Deuxième Guerre Mondiale. Durant la guerre

        d’Algérie, l’Escadron de Transmissions Régional ETR 805 y sera basé pour former des aide-contrô-
        leurs aériens et assurer le maintien de l’ordre et la protection des fermes durant les évènements.
        Aujourd’hui cet aérodrome n’existe plus. Il a servi quelque temps à la Compagnie du Travail
        Aérien pour l’épandage de pesticides et d’engrais sur les domaines récupérés par l’État. Il s’est
        dégradé rapidement faute d’entretien, après avoir été utilisé comme terrain d’entraînement pour
        l’équipe de football locale, la Jeunesse Sportive Mouzaïa, et pour les répétitions de parades et
        défilés de la section Scouts de Mouzaïaville.


























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